
Chronique parue chez Oulala.net

Bon. Un monde s’écroule. Mon monde. J’en suis le témoin comme chacun d'entre nous.
Il s’écroule et je n’y crois toujours pas. Pourtant tous les signaux sont au rouge et on sonne le glas dans toutes les contrées. On meurt d’un tas de maladies bizarres qui n’existaient pas, générations spontanées, créations ténébreuses d'humains trop cervelés.
Les éléments se déchaînent, la glace des pôles fond, le trou d’ozone s’agrandit et la seule énergie dont "on" veut bien que l’on dispose est en train de se raréfier à vitesse grand V. Dans 20 ans, terminé le pétrole. Et finies nos économies civilisées.
La terre se rebelle contre l’utilisation imbécile que nous en avons faite. Tous. De celui qui vide son cendrier sur la chaussée, jette son sac plastique dans la forêt, qui mettra 400 ans à disparaître polluant au passage notre sol et nos nappes phréatiques. A ceux qui dictent des lois qui nous emprisonnent chaque jour un peu plus, celui qui s’en met plein les fouilles lorsque les pandémies nous déciment. Pas un pour racheter l’autre, aucune distinction de rangs, de races, de religions ni financières quand il s’agit de la survie de sa propre petite personne égotique et si peureuse.
Le monde se meurt et nous nous mourrons. Bouffis de vanités, dévorés par la peur qui nous inonde à la moindre nouvelle terrible dont les géniaux manipulateurs médiatiques s’amusent à nous nourrir. Et moi, je vis tout ça. Dans 1000 ans, quand tout sera fini, je pourrai témoigner de ma bêtise, de notre manque d’amour qui nous a poussés à nous auto-dafer.
Bientôt, nous ne roulerons plus dans nos carrosses. Le cheval fera un merveilleux come-back. Ou la voiture solaire, si messieurs nos brillants dirigeants daignaient sortir de leurs cartons toutes ces merveilleuses inventions qui nous rendraient la vie belle. Mais le bonheur de l’humanité n’est pas bon pour tout le monde. Bientôt, fini l’air pur de nos montagnes. Tchernobyl a déjà fait des siennes, notre mépris de l’environnement n’a rien réparé. Et l’on nous prépare d’autres armes plus cruelles qui détraqueront notre ciel, notre coeur et notre esprit à tout jamais.
Bientôt nous serons confinés, pour les plus chanceux, numérotés, badgés, cloîtrés dans nos maisons devant nos écrans 3D à redouter la dernière épidémie, le dernier déchaînement du ciel, le raz-de-marée qui fera un jour le tour de la terre. Enterrés avant l'heure. J'adore Matrix !
Il faudra alors cultiver notre terre, faire pousser notre blé et nos tomates, devenir végétarien, bien forcés, les bêtes se meurent elles aussi. Du carnivore civilisé que nous étions ne restera pas grand chose. De toute façon, nous devenons tous de plus en plus virtuels. Peut-être est-ce là le début d’un âge d’or où nous saurons tous notre place exacte dans l’univers.
Jusqu’à présent la terre fut souvent notre ennemie. Il est temps qu’elle soit l’amie qu’elle a toujours été. Temps que nous vivions à l’unisson du monde que l’on nous a donné, vaste champ d’expérimentation qui a besoin de beaucoup d’amour pour fleurir à foison.
Bientôt, chacun d’entre nous devra connaître son voisin car il ne pourra vivre sans lui. Les communautés refleuriront et si nous ne faisons pas les mêmes bêtises, si nous avons bien appris la leçon, alors tout sera enfin parfait. Il faudra bien sûr effacer les dogmes et les rites, abandonner toutes convictions, afin de créer un monde de communion et de partage. Depuis combien de temps tentons-nous de le faire ? Oubliant depuis des millénaires que l’autre c’est nous. Et que notre bonheur passe par le sien.
Ouais, le monde se meurt. Et je meurs avec.
Je le vois disparaître.
Nous changeons d’époque.
Je suis témoin.

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